450.000 € TTC (et non pas 360.000 € tels qu’affichés) gaspillés par la municipalité pour financer une école inutile, construite dans la précipitation, sans réflexion, sans concours d’architecte, sans projet pédagogique, sur un site mal adapté, avec une architecture désuète, sans respect des habitants et de l’environnement, sans contrôle de l’État et du Département, voilà qui met en lumière les pratiques politiques locales. Cette gabegie d’argent, d’espace et d’énergie a lieu dans le Gard, 5éme département le plus pauvre de France. Ceci explique cela.
Rappel des faits : Saint-Bénézet (280 habitants) disposait jusqu’à la rentrée scolaire 2019 d’une petite école primaire construite en 1883, bien entretenue, toiture refaite récemment, bien située, spacieuse et lumineuse, à l’abri du vent et de la canicule avec vue sur la nature exubérante du parc du château. Deux classes dont une fermée ces dernières années pour défaut d’effectif.
En 2017, à la surprise générale, alors que le village de Saint-Bénézet subit d’importants retards d’infrastructure (assainissement, locaux conviviaux, extensions/liaisons de la voirie), le conseil municipal de Saint-Bénézet se lance dans un projet de construction d’une nouvelle école qui sera inaugurée en grande pompe le 30 juin 2019.
L’absence de raison de cette décision, son opacité, le silence gêné des élus font douter de la nécessité et du bien-fondé de cet investissement inutile et maladroit.
Curieusement, il n’y a jamais eu de “vraie” délibération du conseil municipal pour la construction d’une nouvelle école. Il n’y a jamais eu non plus de « vraies » justifications, de « vrai » dossier d’étude, de « vrai » projet pédagogique. Personne n’a entendu parler d’un dossier de pré-étude ou d’une quelconque expertise de l’état de l’école historique. Tout au plus le maire « aurait » évoqué furtivement un problème de sécurité et de mise aux normes handicapés (qui demeurent dans le nouveau bâtiment).
Problème(s) de sécurité de l’ancienne école ? Où sont les expertises, les rapports d’accidents ou d’incident, les plaintes, les mains courantes de gendarmerie, les pétitions des parents d’élèves ? Cet argument est d’autant plus surprenant quand on observe les aménagements qui avaient été faits sur la rue (ralentisseur installé après la zone de danger supposé ! ). Jamais il n’y eut d’interdiction de déposer les enfants devant l’école. La responsabilité de la municipalité ne peut être évoquée qu’à l’intérieur des locaux scolaires et non pas dans la rue.
Or la nouvelle école présente des risques pour les enfants et pour les habitants (voir plus bas). Quant aux handicapés ils devront s’adapter, ils ont l’habitude …
Mise aux normes de l’ancienne école ? Effectivement à l’entrée de l’ancienne école l’escalier d’accès aurait dû être accompagné d’un dispositif handicapé tel que rampe inclinée par exemple. Mais des dérogations sont possibles selon la nature du site et leur fréquentation.
Quel aurait été le coût de ces travaux de mise aux normes de l’école historique ?
Des études sérieuses ont-elles été entreprises ?
À l’évidence les maires successifs ont évacué le sujet.
La municipalité actuelle aura fait le choix du gaspillage au lieu de chercher et de trouver une solution adaptée. Mais le voulait-elle ?
Faute de pouvoir fournir aux habitants des raisons recevables, le projet de nouvelle école a été élaboré en catimini, c’est à dire sans concours d’architecte, sans présentation au public, sans article dans la presse et dans les médias.
« Quand il y a un flou, il y a un loup ». Faute de raisons objectives claires, cette affaire transpire la politique politicienne locale et la manipulation d’une partie du conseil municipal et des habitants.
Les élections municipales de 2020 approchant, il fallait faire vite et ne pas rater la rentrée scolaire 2019-2020. Toutes les conditions étaient donc réunies pour imposer au village un projet bâclé.
Un projet bâclé ?
Si vous vous rendez à la nouvelle école, que verrez-vous ?
Un bâtiment construit selon un mode archaïque et très économique (style traditionnel, agglo de ciment, fermettes toiture en tuiles) indigne d’un bâtiment public du 21éme siècle…
– Une architecture ringarde de type année 70 (style maison de maçon) qui conviendrait aussi bien à un cabinet médical ou vétérinaire, à des bureaux, ou autre…
– La cour de récréation avec vue plongeante sur l’atelier municipal et sur l’aire de retournement des cars scolaires.
– Un accès par un escalier de 17 marches d’une seule volée très dangereux.
Les handicapés devront passer ailleurs…
– Des salles de classe avec vue sur le talus de 3m de haut et les buissons à l’arrière du bâtiment ! Quel merveilleux paysage pour s’instruire !
Lors de l’inauguration, le maire a eu tellement honte de ce « chef d’œuvre » qu’il a maintenu les volets baissés et coupé leur alimentation électrique pour freiner la curiosité..
– une cour bétonnée et goudronnée, alors qu’il est préconisé d’enlever le goudron dans les cours d’école (vapeurs nocives en cas de canicule)
– le bureau de la directrice privilégié par rapport aux classes, bien orienté avec vue sur la verdure
– un accès des cars de ramassage scolaire dangereux. Des témoins ont rapporté le non respect des feux rouges, dixit le maire en personne !!!
Plus de 50.000 € consacrés aux trois poteaux de feux tricolores. L’argent est inépuisable à Saint-Bénézet !!!
– Absence de panneaux photovoltaïques en toiture alors que tous les bâtiments publics devraient faire l’effort de la transition énergétique.
-etc.
Pours certains habitants, ce projet de nouvelle école répondrait à des motifs de type “règlement de compte” sur fond d’antagonisme entre certains élus et des habitants considérés comme opposants.
En effet
– Cette nouvelle école occupe un espace que beaucoup d’habitants soucieux d’environnement et de traditions voulaient protéger,
– Cette nouvelle école permet de polluer les activités touristiques qui se mettent en place dans l’ancienne bergerie attenante, propriété de néo-ruraux. Le maire ne cache pas sa répulsion pour tout nouvel arrivant dans le village, et en particulier les nouveaux arrivants, qui pourraient aller déranger les sangliers ou être trop regardants sur la manipulation de l’urbanisme.
– Cette nouvelle école est une agression envers le temple protestant dont le maire aimerait assurer la gestion afin de le transformer en lieu de fêtes,
– Cette nouvelle école est éloignée des lieux de promenade pour des leçons d’observation, preuve de l’absence de projet pédagogique.
Et comme si ça ne suffisait pas, le maire a bouclé le financement en vendant l’ancienne école à un prix défiant toute concurrence à un « client » avant qu’elle ne soit désaffectée. L’intérêt général est encore une fois bafoué.
Le panneau de chantier en dit long sur la manipulation : l’école n’a pas coûté 360.000 € à la collectivité, mais plus de 450.000 € TTC. Rappelons que ce sont les contribuables, c’est-à-dire tout le monde qui paie la TVA de ce chantier et qui paie aussi le FCTVA qui est soi-disant un remboursement partiel de TVA.
La complicité implicite des services de l’État et du Département ?
À l’évidence, vu les erreurs de conception du projet, les services de l’État et du département du Gard ne contrôlent pas les dossiers qui leur sont présentés et financent les projets présentés par les maires les yeux fermés. Ne savent-ils pas que la réalisation d’une école est un sujet grave mettant en jeu l’éducation, l’instruction et l’avenir des enfants ?
Cette école aurait dû faire l’objet d’un avant-projet dressé par le CAUE 30 (Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement) et d’un concours d’architecture, mais il semblerait que des privilèges existent en ce domaine.
En effet la conception et l’emplacement du bâtiment peut satisfaire le confort des enseignants, pas celui des enfants. Le maire a répété à maintes reprises que l’inspecteur d’académie avait validé le projet. Pourquoi l’inspecteur d’académie se serait-il opposé ? L’Éducation Nationale à besoin de bâtiments à disposition. Les bâtiments scolaires du primaire sont propriété de la commune qui doit les entretenir. Pourquoi les enfants doivent-ils franchir un escalier de 17 marches pour accéder à l’entrée du bâtiment ? Pour rester en forme bien sûr … Pourquoi n’y a-t-il pas de jardin pédagogique ? Parce qu’à Saint-Bénézet on fait de la vigne et des céréales, pas des légumes. Il ne faudrait quand même pas que les enfants commencent à s’intéresser à la nature ! Il ne manquerait plus qu’ils demandent à manger bio à la cantine ! On est à Saint-Bénézet, pas à Barjac ou à Mouans-Sartoux.
Un projet électoraliste en vue des municipales et des sénatoriales ?
C’est la seule raison objective crédible pour avoir construit ce bâtiment, dans la précipitation, en deux ans à peine, là ou d’autres communes ont mis plus d’une mandature (6 ans).
A Saint-Bénézet où rien ne se passe, où la situation économique, environnementale et sociale se dégrade tous les jours (voir l’affaire de la Carte Communale, du temple, de l’absence de bulletin municipal, etc.), il fallait bien donner un os à ronger aux électeurs afin qu’ils renouvellent les mandats de la municipalité actuelle.
Pour cela il faut “acheter” les votes. Pour « acheter », il faut des moyens.
En la circonstance, pourquoi ne pas demander à l’État et au Département de l’argent pour financer une opération qui illuminera les yeux des électeurs et des électrices et qui fera croire que nos élus sont de “grands bâtisseurs”, même si le projet est inutile. Et comme par miracle, le financement d’une école est positionné en tête de liste des projets éligibles pour obtenir une généreuse Dotation d’Équipements des Territoires Ruraux (DETR) de l’Etat.
Si l’on doute des mobiles politiques de cette affaire lamentable, il aura suffi de prêter attention au discours de M. Denis BOUAD président du Conseil Départemental du Gard lors de l’inauguration de l’école le 30 juin 2019. A cette occasion il s’épancha de toute son affection pour la conseillère départementale du canton, personnage vital pour les intérêts du SIRP (4 communes). Et M. Denis BOUAD s’épancha aussi sur ses relations tout aussi affectueuses avec le papa du maire de Saint-Bénézet. Tiens tiens ! Ces liens privilégiés expliqueraient-ils l’étonnante facilité pour financer un projet inutile ?
Ce discours fut suivi d’une intervention du préfet du Gard qui déclara sa collaboration avec le Conseil Départemental du Gard pour faire avancer les dossiers à grande vitesse, quitte à en oublier l’utilité et l’argent gaspillé. Depuis quand l’Etat se permet-il de faire une confiance aveugle à des élus qui sont par définition des amateurs en matière de gestion des collectivités ? C’est très inquiétant.
Ainsi en moins d’un quart d’heure lors de l’inauguration de l’école nous eûmes une explication tangible sur les vraies raisons d’un gaspillage dont Saint-Bénézet aurait pu se passer. De la politique politicienne soutenue par le préfet ? Le Conseil Départemental et la Préfecture devraient avoir la courtoisie de se justifier auprès des habitants de Saint-Bénézet
Il est donc fort vraisemblable que le projet inutile, clientéliste et dispendieux de l’école de Saint-Bénézet aura été l’objet d’un appui politique par des personnes qui ont tout intérêt à se faire réélire dans les temps qui viennent, l’intérêt public passant après. En ce sens la présence de M. Denis BOUAD qui ne cache pas son intérêt pour être élu sénateur après les municipales de 2020, ainsi que celle de Mme Vivette LOPEZ sénatrice du Gard, sont un élément de preuve de la campagne des sénatoriales 2020 auprès des quatre communes du SIRP.
Conscient des limites et des risques de son amitié et de son soutien, dans son discours M. Denis BOUAD n’a pas hésité a recadrer le maire de Saint-Bénézet: « il est temps que les élus réalisent les projets pour lesquels ils se sont fait élire ». Il s’agit là d’un véritable aveu d’un soutien très précaire … Implicitement M. Denis BOUAD a bien compris « le caractère sorti du chapeau » de la nouvelle école.
On remarquera aussi la bien étrange intervention lors du chantier d’un bien étrange organisme dépendant du Conseil Départemental (la SEGARD présidée par Françoise LAURENT-PERRIGOT, conseillère départementale du canton) venu faire on ne sait quoi sur un projet où le maître d’œuvre et le maître d’ouvrage ne pouvaient pas rencontrer de grosses difficultés de réalisation.
La gaffe du maire lors de l’inauguration:
Dans un discours il est toujours bon d’amuser l’auditoire avec une note historique.
Ainsi le maire a trouvé nécessaire de rappeler qu’un ancien bienfaiteur du XIXéme siècle avait envisagé de construire l’école de Saint-Bénézet sur le site choisi pour la nouvelle école. Mais il renonça et pour cause:
Il fit le choix de rapprocher l’école du centre du village dans un endroit mieux abrité du soleil et du vent et plus commode pour les habitants.
L’inauguration de l’école inutile eut lieu le 30 juin 2019 par plus de 42° sans vent sur un emplacement bétonné et goudronné de « frais ». Certains comprirent immédiatement l’absurdité de construire un lieu scolaire en un tel endroit.
A Saint-Bénézet l’intérêt des enfants et des parents passe bien après ceux des élus…
L’école de Saint-Bénézet fait partie d’un regroupement pédagogique (SIRP) comprenant trois autres écoles (communes d’Aigremont, de Cassagnoles et de Maruejols-les-Gardon).
Sur certains territoires les SIRP sont devenus un étrange système qui consiste à « bringuebaler » plusieurs fois par jour d’une école à l’autre des enfants dans des cars aux trois quarts vides, matin, midi et soir.
A Saint-Bénézet, à cause de la modestie des effectifs scolaires et de leur répartition dans chaque école communale , ce système contraint les enfants à changer chaque année de commune.
Les responsables des SIRP connaissent-ils l’importance de la stabilité pour les enfants ?
Ne serait-il pas plus rationnel d’accueillir les enfants sur une seule école primaire implantée sur le secteur, avec à la clé des économies de toute nature et un meilleur confort pour enfants et enseignants?
En conclusion
Par nos impôts, par la détérioration de l’environnement, nous payons tous très cher l’indigence politique et culturelle de nos élus. L’affaire de l’école inutile de Saint-Bénézet démontre les carences de notre système électoral. Des habitants qui disposent des compétences, des qualités d’empathie, des connaissances et de la culture générale nécessaires à la gouvernance d’une collectivité ne peuvent pas et ne veulent pas rentrer dans le jeu politique faute de motivation ou de temps. Ainsi ils laissent le champ libre à l’incompétence, à la médiocrité, à la vanité et à la suffisance qui habitent des individus à la recherche d’une reconnaissance sociale.
Les affaires de Saint-Bénézet démontrent les limites de notre système électoral, les risques avérés pour la démocratie et l’urgence de réformer la gestion des territoires.
INcompetance totale des conseillers municipaux qui votent a l’unanimité,sans poser des questions ,ni faire enregistrer les interventions? FIguration ou representativité?